RQTH : Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé. Il s’agit d’un dispositif permettant aux personnes en situation de handicap de bénéficier d’aménagements de poste afin de maintenir leur emploi et de bénéficier de l’OETH : l’obligation de l’emploi des Travailleurs Handicapés. Mais, si nous considérons que nous avons toutes et tous des besoins spécifiques… Est-ce que cet outil est pertinent ?
La RQTH, à quoi ça sert ?
Selon le service public , “La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est une décision administrative qui permet de bénéficier d’un ensemble de mesures favorisant le maintien dans l’emploi ou l’accès à un nouvel emploi. Vous êtes concerné si vos possibilités d’obtenir ou de conserver votre emploi sont réduites du fait de la dégradation d’au moins une fonction physique, sensorielle, mentale ou psychique.”
Grâce à ce document, nous pouvons avoir des aménagements horaires, des adaptations de poste ou encore bénéficier de dispositifs pour l’insertion professionnelle.
Sur le papier, il semblerait que ce soit une véritable opportunité pour les personnes concernées de pouvoir maintenir une activité professionnelle ! Mais sur le terrain, il semble que cela soit davantage compliqué.
Discrimination numéro 1, taux de chômage à 12%
Alors que le taux de chômage en France est de 7,5%, les personnes en situation de handicap connaissent davantage une précarité dans l’emploi. Pour cause, le handicap est la première cause de discrimination en France.
Est-ce que ma situation (maladie, trouble, syndrôme…) peut bénéficier d’une telle reconnaissance ? Et si je l’ai dois-je le mentionner sur mon CV ?
Ces questions sont récurrentes et mon avis est très simple : OUI il faut le dire.
L’importance d’en parler quand je suis concerné.e
Il ne s’agit pas de livrer tous les détails de sa maladie, de sa situation de handicap. Cela reste intime, et nous sommes libres ou pas d’en parler. Là où il se révèle intéressant d’évoquer le sujet : ce sont pour les adaptations, et in fine, la sensibilisation auprès de son entreprise.
Mais pour ça, il y a plusieurs interrogations :
- « L’entreprise à laquelle je postule a refusé ma candidature à cause mon handicap » :
Ok, c’est une merveilleuse nouvelle. Pourquoi ? Car elle n’est tout simplement pas faite pour vous. Une entreprise foncièrement ancrée sur ses valeurs, ses engagements n’aura aucun sujet à vous embaucher, peu importe votre singularité. - « Lors de mon entretien d’embauche, elle a voulu connaître ma situation de handicap » :
Je vous invite plutôt à évoquer quelles sont les conséquences de votre situation, et surtout quelles solutions vous avez mises en place, et dont vous auriez potentiellement besoin. Se renseigner au préalable auprès des organismes de financement (AGEFIPH dans la fonction privée, FIPHFP pour la fonction publique), vous permet de montrer que vous savez ce dont il vous faut pour être performant, et rassure l’entreprise sur le fait qu’il n’y ait aucune contrainte à vous embaucher. - « Mes collègues ne comprennent pas et je dois toujours me justifier » :
FAUX. Vous ne devez pas vous justifier d’une situation aussi personnelle. En revanche, vous pouvez tout à fait, si vous ressentez le besoin, expliquer ce qu’implique votre situation. Vos besoins, vos adaptations pourraient peut-être même leur servir, qui sait ! - « Je doute que mon trouble puisse vraiment bénéficier d’un tel dispositif… » :
Si nous avons un doute, le meilleur moyen d’avoir une réponse, c’est de la chercher. Vous pouvez contacter soit un référent handicap de votre entreprise, soit directement la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) pour en savoir davantage sur ce qui est possible ou non. Vous pouvez également vous faire accompagner dans vos démarches avec un.e assistant.e social.e que beaucoup de villes mettent à disposition ! - « J’ai peur de perdre mon emploi si j’en parle… » :
Si vous avez une telle peur, il est important d’identifier d’où elle vient. Est-ce que c’est la culture d’entreprise, qui semble peu ouverte, qui vous fait arriver à cette conclusion ? Ou bien cette peur vient de vous, et de vos “croyances limitantes” ? En fonction de la réponse, vous pourrez y réfléchir davantage. Les médecins du travail sont également là pour vous accompagner dans ces questions.
Et les entreprises dans tout ça ?
Car elles ont évidemment leur part de responsabilité ! Au-delà du fait qu’il y ait l’obligation légale d’embauche de travailleurs handicapés de 6% à partir de 20 salariés (OETH), si elles n’y voient pas d’intérêts… Elles ne le feront pas !
- Embaucher des personnes en situation de handicap, ce n’est pas une “bonne action” :
C’est simplement inclure toute personne ayant des singularités (origines différentes, orientation sexuelle diverse etc…). L’indicateur d’embauche à prendre en considération : les compétences, comme tout un chacun ! - Ce public a plus de risque d’être en arrêt maladie :
FAUX! Les personnes en situation de handicap sont habituées à compenser dans leur vie de tous les jours. Ainsi, une fois dans un environnement adapté, la performance est davantage au rendez-vous ! En revanche, une personne régulièrement en arrêt maladie, ou un turnover régulier sur un type de post peut mettre la puce à l’oreille sur un besoin spécifique… - Je peux pas, j’ai pas de référent handicap dédié… :
Fausse excuse ! Il n’y a pas besoin d’avoir un service dédié à ces besoins. En revanche, peu importe la taille de l’entreprise, il est possible de se former facilement et gratuitement à l’accompagnement des personnes à besoins spécifiques ! Pour cela, vous pouvez retrouver un guide juste ici - La diversité des profils peut vraiment créer un déséquilibre dans la cohésion d’équipe :
VRAI si… La communication n’est pas appropriée et que les valeurs, la culture d’entreprise ne se prête pas à s’ouvrir au monde. Plus les différents points de vue, les différentes expériences seront partagés, plus la créativité et la performance des équipes seront au rendez-vous. C’est faire vibrer l’intelligence collective en valorisant les parcours individuels
Vous l’aurez comprit, la RQTH n’est pas seulement un outil pur et simple de rentrer dans une case, mais bien une opportunité individuelle et collective de se réaliser et de faire le vivre ensemble.
Note artistique de la photo mise en avant, avec le photographe Sébastien Marchand :
» En choisissant de mettre en lumière une partie du corps, associée au visage qui partage les émotions, le vrai et le faux self, le masque de la société à la fois, l’idée est de mettre en lumière l’idée. L’idée de choisir de parler. L’idée de choisir de montrer. L’idée de choisir que nous sommes les acteurs de notre propre vie, même en entreprise. Une partie assombrie montre cette difficulté du corps à se projeter, à créer le mouvement puisqu’il est lui-même en difficulté dans son quotidien. En osant mettre la lumière sur sa propre existence et ses propres besoins, nous mettons la lumière sur des millions de personnes concernées en France. »
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1650
https://www.agefiph.fr/sites/default/files/medias/fichiers/2024-07/Agefiph-TDB-emploi-chomage-2023_2024-07.pdf