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Stop aux préjugés sur le burn-out !

Vivre pour travailler au lieu de travailler pour vivre, j’ai été victime d’un burnout après avoir cumulé 60h/semaine de travail en tant qu’auto-entrepreneur, la parentalité, la maladie chronique et le trouble du neuro-développement. Je n’ai pas su prévenir de ce risque psychosocial qui aurait pu me coûter la vie. Encore faut-il savoir à quoi s’en tenir…

2,5 millions de personnes en France concernées

D’après une enquête réalisée en novembre 2023 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, 9 % des salariés seraient en burn-out sévère, soit 2,5 millions de personnes.

Selon la Haute Autorité Sanitaire, le burnout – ou syndrome d’épuisement professionnel – désigne un état d’ « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».

Je vous fais une petite liste de mes symptômes ? Allez…

  • Anxiété généralisée
  • Troubles du sommeil
  • Maux de tête
  • Perte de poids
  • Boule au ventre en passant devant mon ordinateur
  • Troubles de la mémoire et de la concentration majorés
  • Irritabilité permanente…

Il n’y a pas de biomarqueurs spécifiquement associés à ce syndrome, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une accumulation de troubles ayant un impact important sur la vie du patient, comme le rappelle le Dr Didier Léchémia, médecin libéral qui traite le sujet du burnout depuis plus de 30 ans :

“Pour prendre conscience de la gravité du burnout, il suffit de se référer à la définition qu’en donnent Christina MASLACH et la Haute Autorité de Santé : le burnout est une « spirale dangereuse pouvant conduire au basculement dans la dépression ou maladie somatique et à la désinsertion socio-professionnelle mais aussi familiale ». On ne peut pas être plus explicite ! Tout est dit en quelques mots et tous ceux qui ont vécu l’enfer du burnout savent la grande justesse de cette définition. Cette définition a donc le grand mérite de mettre à mal deux préjugés très préjudiciables au diagnostic et à la prévention du burnout. La première est que le burnout ne serait qu’une simple fatigue passagère sans conséquence. La seconde est que le burnout est un phénomène on-off survenant du jour au lendemain, une espèce de coup du sort contre lequel on ne peut rien faire.” . Dr Didier Léchémia

“Repose-toi, ça ira mieux”, “ça a l’air d’aller pourtant”, “pas possible aussi jeune”…

Que l’on soit collaborateur, auto-entrepreneur ou demandeur d’emploi, il s’agit d’un parcours individuel sous pression de la performance et peu importe l’âge :

J’avais 28 ans. Je n’ai clairement pas eu les moyens intérieurs d’écouter les alertes de mon entourage qui me disait de ralentir mon rythme. J’étais conditionnée à réaliser mon chiffre d’affaires pour survivre, penser à mes innombrables rendez-vous médicaux, nourrir ma famille et payer mes factures. J’étais devenue une “work-aholic” (comprendre addict du travail). Je ne voulais qu’une chose : être utile, visiblement sauf à moi-même car j’oubliais peu à peu qui j’étais. La goutte d’eau ultime ? une alerte AVC. Deux mois après, j’avais le scénario pour mettre fin à mes jours. C’est là que j’ai comprit que je vivais pour travailler au lieu de travailler pour vivre.

Communiquer pour solutionner

La solitude dans ces moments est déterminante. Manque d’information, que ça soit par notre éducation, notre environnement, notre incapacité à accéder à nos émotions de manière claire, provoquent un brouillard intérieur puissant qui ne permet pas la communication envers les autres mais aussi envers soi-même.

Les entreprises sont dans la nécessité aujourd’hui de prévenir des risques psychosociaux en mettant en place des politiques de qualité de vie au travail, sans quoi les arrêts maladies s’enchaînent, la marque employeur se dégrade, ce qui coûte de l’argent aux entreprises.

Quelques pistes pour oeuvrer en ce sens :

  • Vous rapprocher de la médecine du travail pour vous expliquer comment identifier les personnes concernées ou à risque (un document est à réaliser pour évaluer les Risques Psychosociaux dès le premier salarié)
  • Former les collaborateurs aux premiers secours de la santé mentale
  • Faire des enquêtes régulières sur les conditions et qualité de vie au travail

Il s’agit d’un mouvement collectif, aussi bien du collaborateur ou de l’entreprise, davantage quand on est à son compte :

Il a fallu que je me retrouve à la limite de la tentative de suicide pour me rendre compte que je valais plus que cela et que j’étais encore capable de grandes choses. J’ai dû accepter ce temps d’introspection par l’arrêt maladie que je refusais depuis 2 ans. Accepter un traitement, voir des thérapeutes. En identifiant mes envies, mes besoins, mes valeurs, j’ai renoué avec la femme que je suis. Je me suis fait la promesse de prendre soin de moi, car je sais désormais que j’ai une épée de Damoclès au dessus de la tête.

Aujourd’hui je transmets un message de résilience et de sensibilisation au travers de conférences, afin d’éviter que d’autres ne vivent cette expérience.

Tiffany Mazars