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La SEEPH : la mode d’emploie

Rendez-vous devenu incontournable pour les entreprises, la Semaine Européenne de l’Emploi des Personnes Handicapées est une opportunité de sensibilisation à la thématique. Diverses actions sont menées par les organisations (ou pas…) dans un but bien précis : partager les engagements en interne et en externe et inviter les collaborateurs à réaliser leur Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé (RQTH). Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

D’où ça vient et pourquoi ?

Créée en 1997 par l’association LADAPT, elle se transforme en semaine européenne en 2005. Succès grandissant d’années en années, plusieurs projets sont réalisés pour permettre un emploi sécurisé et durable pour ce public qui connaît la première discrimination en France :

  • Le projet SAS (2022-2024) a pour objectifs de sécuriser le parcours d’insertion professionnelle des apprentis en situation de handicap, et d’améliorer la capacité des entreprises à les accueillir durablement.
  • Le projet ACT-INCLUSIVE (2022-2025) vise à sensibiliser au thème de l’Éducation Inclusive, afin de promouvoir la lutte contre les attitudes discriminatoires, de construire une société accueillante et inclusive et de garantir l’éducation pour tous.

LADAPT capitalise sur ses innovations et expériences, partage ses savoir-faire avec ses voisins européens, étudie et s’imprègne des bonnes pratiques menées au niveau européen.

Une vraie source d’opportunités pour valoriser les droits et les devoirs à l’échelle européenne qui mérite d’être saluée mais qui n’est pas forcément bien utilisée…

« Une mode d’emploie » : Bonne conscience ou réel engagement ?

Comme toute bonne initiative, il y a malheureusement des organisations qui s’approprient les bonnes idées pour… Leur bonne image.

C’est là où le doute commence à s’installer pour laisser place au “validisme” qui pour la “bonne conscience” va mettre en place des actions qui seront jolies dans la communication mais pas ancrées dans la culture d’entreprise.

Pour identifier une organisation foncièrement engagée, cela se traduit par de véritables actions :

  • Politique RH inclusive de A à Z, voire politique handicap avec des personnes missionnées pour leur bonne mise en place et à l’accompagnement des salariés
  • Outils de travail adaptés, communications internes, formations et/ou sensibilisations tout au long de l’année…
  • Culture d’entreprise orientée sur la diversité de manière générale (le handicap n’est donc pas seulement LE sujet de préoccupation)
  • Une politique de Qualité de Vie et Condition au Travail (QVCT) qui se préoccupe de la santé mentale des collaborateurs

Vous l’aurez comprit, s’il y a une incohérence dans le discours avec les actions, c’est qu’il y a un petit soucis…

Comment éviter de transformer cette semaine en social washing :

  • Ne pas la faire que une semaine. Le maintiens, la sensibilisation, la formation doit se faire tout au long de l’année
  • Faire des actions qui ont vraiment du sens et qui durent dans le temps. Pour cela, il est nécessaire d’interroger le besoin interne et faire le suivi de chaque action correspondante. Il est important également d’en faire le suivi pour être dans une constante amélioration.
  • Ne communiquer QUE sur les actions réalisées ou à venir, et non seulement sur des promesses qui sont de l’ordre de l’abstrait. Le concret apporte une preuve des engagements auprès de l’ensemble de vos parties prenantes
  • Réaliser des partenariats qui eux aussi, correspondent à une logique de durabilité des messages et des actions.

Vous l’aurez comprit, la SEEPH est une initiative essentielle pour promouvoir l’inclusion (ou l’apérision ? haha) des personnes en situation de handicap dans le monde professionnel. Cependant, son efficacité dépend de l’authenticité des engagements des entreprises. Pour éviter le piège du “social washing” il est crucial de transformer cette semaine en un véritable levier de changement, en instaurant des actions concrètes et durables qui répondent aux besoins réels des employés. Les entreprises doivent aller au-delà de la communication symbolique. C’est ainsi, à mon sens, que la SEEPH pourra réellement favoriser un environnement de travail constructif, positif et durable dans notre société.

Note artistique de la photo mise en avant, avec le photographe Sébastien Marchand : 

« Oser. Oser enlever son masque et faire place à l’authenticité. Au regard déterminé et doux à la fois, c’est exprimer l’envie constructrice de faire ensemble. Ce masque noir, qui n’est pas adapté ne pourra être retiré et amélioré que par les personnes concernées. Pour cela, il faut oser se mettre en mouvement. Oser agir. Oser apporter la justesse des choses.« 

Tiffany Mazars